Le Rêve
Traumdeutung | Lectures

José Fernando Velásquez

“(…) Si le désir du rêve est ce qu'en dit Lacan, à savoir rien que le désir de prendre sens. Bien sûr qu'il y a du sens dans le rêve, et du sens qui est juste assez incohérent pour qu'il y ait lieu de faire appel à l'Autre, afin que le rêve prenne un sens complet, cohérent. Ça se pratiquait déjà, comme vous le savez, dans l'Antiquité. Les rêves étaient déjà animés d'un désir de prendre sens”. [1]

Nous ne sommes pas à la même place que Freud concernant l’acte de l’analyste. Freud a interprété deux rêves de Dora et ces deux grandes interprétations coïncident avec l’interruption de la cure. Freud s’y est positionné sur le versant de la démonstration, il s’est servi de la signification phallique visant ainsi l’universel. Freud s’est senti excité d’avoir complètement réussit à résoudre les deux rêves de Dora, mais celle-ci a aussitôt disqualifié ses conclusions. Freud dit, ”... je savais que la jeune fille ne reviendrait plus. C’était de la part de Dora un acte de vengeance indubitable que d’interrompre si brusquement le traitement, au moment même où les espérances que j’avais d’un heureux résultat de la cure était des plus grandes”… “Celui qui réveille, comme je le fais, les pires démons incomplètement domptés au fond de l’âme humaine, afin de les combattre, doit se tenir prêt à n’être pas épargné dans cette lutte”[2]

Le désir de l’analyste ne peut pas suivre une voie quelconque. Le désir de l’analyste freudien avec Dora était phallique, pas féminin. Dans le rêve, le désir phallique et la jouis/sens insistent, mais insistent également le réel et le féminin ; il s’agit de savoir les lire. Le féminin du désir de l’analyste, c’est de reconnaître l’inadéquation du symbolique au réel, le hors sens, la lettre, l’évènement de corps, et le sinthome. Ce désir féminin conduit à occuper dans le transfert un au-delà du SSS dans lequel il faut remarquer l’usage du signifiant qui réveille le vide de signification, l’image ou l’objet dans lesquels s’aperçoivent le Il y a de l’Un, et/ou le bord où apparaît un savoir qui fait symptôme.

La présence de l’analyste, la censure, subvertit les valeurs psychiques tant du rêve que de la séance. Il faut alors identifier quelle est la méta-représentation qui peut occuper l’analyste face aux pièces détachées qui apparaissent dans le rêve, pas seulement comme des personnages, sinon comme ressort ou comme bord ?

Jacques-Alain Miller l’affirme, il est fondamental de ne pas dominer le mode d’interprétation de l’Autre car un mode d’interprétation est un mode de jouir, une manière de comprendre (entendre?) [3]. Ce qui implique que l’analyste ne fasse pas d’Autre partenaire, d’Autre imaginaire, ni d’Autre du sens ; mais qu’il fasse simplement semblant d’être. [4]

NOTES

  1. Miller Jacques-Alain, « L’orientation lacanienne, Ce qui fait insigne”, (1986-1987), cour du 24 juin 1987, inédit. (jonathanleroy.be/wp-content/uploads/2016/01/1986-1987-Ce-qui-fait-insigne-JA-Miller.pdf, p. 324).
  2. S. Freud, « Fragment d’une analyse d’hystérie », Cinq Psychanalyse, Paris, PUF, 1990, p.82.
  3. Laurent, Éric, Disruption de la jouissance dans les folies sous transfert, in, Hebdo-Blog. Internet: http://www.hebdo-blog.fr/disruption-de-jouissance-folies-transfert/
  4. Miller, J.A. El inconsciente intérprete, 1995. Seminario de apertura del curso 1995-1996 del SCFB. Introducción a la Clínica Lacaniana. ELP-RBA. Texte non traduit au français.